Chantier de restauration des anciennes arcades de la pharmacie

Le bâtiment ancien 

La construction de la pharmacie de l’abbaye est attribuée à l’abbé Léonard Pirmez (1782-1784) comme l’indique le cartouche millésimé sur lequel est gravé FIDELITER ET SUAVITER et le millésime ANNO 1784.

La porte de la pharmacie était située entre l’infirmerie des moines installée à cette époque à l’étage de l’ancien bâtiment des convers et le jardin des infirmes, côté colline.

Les arcades de la pharmacie

Cette porte monumentale ponctuait à la manière d’un grand arc de triomphe le grand axe menant de la porte de Bruxelles à la cour d’honneur et au palais abbatial construit par l’abbé Jacques Hache en 1721.

Le bâtiment de la pharmacie, de plan rectangulaire, était divisé, au rez-de-chaussée, en trois nefs de trois travées. Cet espace était couvert de neuf voûtes surbaissées en briques, portées par quatre colonnes toscanes en pierre bleue. Trois de ces colonnes existent encore mais ont été déplacées dans le jardin du palais abbatial. Sous ces arcades, circulaient, au centre, les chariots et carrosses, et sur les côtés, les piétons.

La pharmacie se trouvait à l’étage. Elle était composée d’une pièce unique éclairée par six grandes fenêtres. 

Les façades de la pharmacie ont une hauteur de 10,15 m pour une largeur de 14,50 m. La composition des deux façades principales (est et ouest) est identique. Par contre, l’ornementation est différente, celle donnant vers la porte de Bruxelles étant moins ornementée que celle donnant vers le palais abbatial.

Depuis l’expulsion des moines en 1796, la pharmacie,  comme les autres bâtiments monastiques, a subi de nombreuses dégradations. Sur les documents de la fin du 19e début du 20e siècle, la pharmacie a déjà perdu sa toiture et ses planchers.

Carte postale de la pharmacie de Villers

Les accidents

Le 8 novembre 1974, suite à une fausse manœuvre, un camion arrache avec sa benne la façade occidentale du bâtiment. Dès 1976, la façade est reconstruite « à l’identique » par le Ministère des Travaux Publics sur base des relevés photographiques de la façade encore existante.

Le 22 octobre 2013, les arcades  sont sévèrement endommagées par un camion. Le camion heurte la première arche avec son container, ce qui le fait dévier et atterrir sur la deuxième arche. Il éclate le pilastre. Après inspection, il apparaît que l'état d'extrême instabilité des deux murs touchés ne permet pas de travailler à une consolidation de ce qui est resté en place après l'accident.

Accident de 2013

Les deux arcades sont donc démontées en novembre 2013 et il est procédé au numérotage des pierres taillées dans le but éventuel de reconstituer les deux arches.
Les briques ne seront pas conservées; les pierres de taille qui ne sont pas trop abîmées seront réutilisées mais certaines pierres devront être remplacées.

Le 29 octobre 2018, un camion-grue touche à nouveau l’arcade et abîme fortement le pilastre oriental encore debout. Ce fragment de mur rendu instable doit être abattu.

Le 1er novembre 2018, une grue fait pression sur le pan de mur déstabilisé pour le faire tomber sur un matelas de 450 mètres cubes de terre non damée, ce qui permet de limiter les dégâts pour les pierres bleues à conserver.

Chute du mur

La restauration

Maître de l’ouvrage : SPW-TLPE
Auteurs du projet : L’atelier ARC, architecture et patrimoine sprl
Entreprise : BAM –Galère
Coordination Sécurité – Santé : Bureau d’études PS2
Durée des travaux : 290 jours calendrier
Montant des travaux : 1.028.041,02 € TVAC
Le chantier devrait se terminer au printemps 2021.

Après études, il a été décidé de reconstruire les arcades esthétiquement à l’identique mais structurellement de les adapter aux exigences de la sécurité, vu le passage routier, en désolidarisant le rez-de-chaussée de l’étage. L’étage deviendra un pont qui ne repose pas sur le rez-de-chaussée mais qui s’ancre sur les façades latérales de telle sorte que le rez-de-chaussée puisse dans le cadre d’un éventuel accident servir de fusible avec un joint de désolidarisation qui s’ancre dans les façades latérales de telle manière que les deux parties soient indépendantes et que le rez-de-chaussée puisse disparaître en fusible sans provoquer l’effondrement de l’étage.

Dans un premier temps, il a fallu mettre de l’ordre dans les 361 pierres d’origine qui ont pu être sauvées (70 à 80%), c’est comme assembler les différentes pièces d’un puzzle. 

Les tailleurs de pierre présents sur site restaurent les pierres endommagées (greffes, broches, collages) et en taillent de nouvelles pour les pierres manquantes.

Restauration

Après avoir reconstitué l’arc en posant les pierres sur le sol, un cintre en bois est construit. Il servira à la reconstruction des arcades.